Impacts du changement climatique : maladies liées à l’environnement

Les chiffres ne mentent pas : depuis 1990, certaines régions du globe voient les infections transmises par les moustiques tripler. Les projections épidémiologiques sont sans appel : dengue, paludisme, maladie de Lyme s’invitent là où elles étaient jadis inconnues.

Hier, certains territoires croyaient pouvoir tourner le dos à certaines maladies infectieuses. Désormais, ils doivent intégrer le risque comme donnée du quotidien. Le choc, pour les systèmes de santé, est rude : peu préparés à cette accélération, ils voient affluer les cas de maladies respiratoires, tandis que les épisodes d’affections hydriques se multiplient, signe direct d’une qualité de l’eau déclinante.

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Changement climatique et santé : un lien désormais incontournable

Ce qui relevait de l’hypothèse il y a quelques années est devenu une certitude écrasante : climat et santé évoluent désormais main dans la main. Que l’on vive à Paris ou à Bombay, rares sont ceux qui échappent à l’impact des vagues de chaleur, synonymes de déshydratations, de malaises, d’aggravations pour les plus fragiles. Les gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique nourrissent des pathologies de masse, corroborées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le World Resources Institute.
L’été 2022, en France, a marqué un tournant : plus de 10 000 décès supplémentaires pendant les vagues de chaleur, d’après l’ONU. Sur l’ensemble du continent, la Banque mondiale lance l’alerte : l’explosion des événements climatiques extrêmes met à mal à la fois la santé publique et la stabilité économique. Le réchauffement climatique dope la propagation des polluants, alimentant l’augmentation des maladies respiratoires et troubles cardiovasculaires.

Pour saisir ce qui tire la situation vers le pire, prenons les facteurs les plus notables :

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  • Pollution et allergènes à l’origine d’affections chroniques
  • Vagues de chaleur responsables d’une croissance des accidents cardiaques et rénaux
  • Émissions polluantes favorisant certains cancers, en particulier des poumons

Le rapport du GIEC ne laisse pas place au doute : réduire rapidement les émissions reste la seule façon de freiner l’impact du changement climatique sur la santé. Impossible d’imaginer la santé publique sans la relier aux politiques environnementales.

Quels types de maladies émergent ou s’aggravent avec la crise environnementale ?

À chaque hausse de température, les contours de la santé mondiale se déplacent. Le changement climatique rebat les cartes des maladies infectieuses : désormais, des maladies à moustiques telles que dengue, chikungunya ou virus du Nil occidental progressent vers des latitudes et des altitudes jadis épargnées. L’Institut Pasteur a d’ores et déjà recensé une hausse des cas locaux dans le sud de la France, sous surveillance renforcée.
En parallèle, la pollution de l’air gagne du terrain et accentue la gravité de nombreuses maladies chroniques. Asthme, bronchopneumopathie obstructive, troubles cardiovasculaires : tous voient leur fréquence bondir dès que l’air se charge de particules fines. Les données de la Banque mondiale sont limpides : la pollution fait aujourd’hui davantage de victimes que les accidents de la route sur le continent européen.
Les catastrophes climatiques, canicules, inondations, sécheresses, n’épargnent personne. Coup de chaleur, déshydratation, atteintes rénales se multiplient lors des épisodes les plus intenses, pendant que la transmission des maladies animales grimpe en flèche. Les zoonoses ne sont plus un risque anecdotique.
Impossible d’ignorer la dimension psychique. Face à l’ampleur des menaces et aux incertitudes du futur, l’éco-anxiété s’insinue dans les esprits. Le dérèglement du climat agit aussi sur la santé mentale, créant une vulnérabilité collective inédite.

Travailleurs, populations vulnérables : qui sont les plus exposés aux risques sanitaires ?

On le constate déjà : ce sont les populations vulnérables qui paient le prix fort du changement climatique. Ouvriers agricoles, salariés du BTP ou conducteurs supportent de plein fouet les vagues de chaleur. Les incidents liés à la déshydratation, à l’épuisement ou aux troubles cardiaques s’accumulent chez ceux dont la santé est exposée toute la journée.
Dans les pays en développement, l’enjeu se démultiplie. Les infrastructures sanitaires résistent mal, l’accès aux soins faiblit, et l’agriculture dépend d’un climat désormais imprévisible. Migrer devient un impératif pour certains, aggravant la précarité et l’exposition aux risques sanitaires : malnutrition, maladies infectieuses, absence d’accès aux soins se conjuguent.
On ne peut faire l’impasse sur les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques : ils forment un groupe particulièrement exposé, que leur faible résistance laisse en première ligne au moindre épisode extrême. Les villes suffoquent, les campagnes manquent de moyens, et les inégalités environnementales se creusent partout en Europe.

L’ensemble des publics suivants mérite une attention particulière face aux effets sanitaires du dérèglement :

  • Travailleurs en extérieur : agriculture, bâtiment, transport
  • Personnes âgées et enfants : santé fragile, adaptation compliquée
  • Pays à faibles ressources : adaptation limitée
  • Populations migrantes : précarité et accès aux soins difficiles

Devant cet état de fait, la justice climatique devient une exigence. Ce n’est qu’en freinant la progression des inégalités environnementales par la prévention, la solidarité et la création de mécanismes de compensation que l’on pourra relever le défi.

changement climatique

Vers une mobilisation collective : pourquoi la recherche et la prévention sont majeures face aux nouveaux défis

Dans ce paysage bouleversé, la recherche scientifique s’impose en éclaireur. À Paris, à Lyon ou à Marseille, des équipes de l’Institut Pasteur collaborent étroitement avec des entomologistes pour suivre, anticiper, comprendre la progression des maladies à transmission vectorielle, des moustiques désormais bien installés en Europe au fil des années récentes.
L’enchaînement des événements climatiques extrêmes exige de revoir en urgence l’organisation des systèmes de santé. Désormais, la prévention doit orienter l’action collective : surveiller de près l’évolution des épidémies, former des soignants capables d’agir face à la crise environnementale, multiplier les campagnes d’alerte localisées. L’agroécologie, la capacité d’adaptation locale et la reconnaissance des savoirs traditionnels offrent des pistes concrètes pour améliorer la résilience de nos sociétés.
La résilience, précisément, occupe le devant de la scène. Plusieurs États de l’Union européenne mettent à l’épreuve de nouveaux dispositifs pour anticiper les afflux de patients en période de canicule ou d’inondation. Ces réponses se situent à la croisée de la recherche en santé, de la logistique et de la coopération internationale, en particulier pour préparer des réponses coordonnées lors des crises.

Prenons un instant pour résumer les leviers à activer pour construire une réponse sanitaire efficace :

  • Renforcement de la veille sanitaire et des dispositifs d’alerte
  • Soutien à l’agroécologie
  • Valorisation des approches traditionnelles d’adaptation
  • Formation permanente des soignants

Le changement climatique n’attend personne : il bouleverse déjà nos repères sanitaires. Reculer, reporter ou ignorer la réalité ne mène qu’à l’aggravation du prix à payer. L’avenir de la santé publique se joue dans notre capacité à inventer, à agir, à unir. Le temps où le climat et la santé se regardaient à distance est révolu, désormais, ils avancent, liés, au même rythme que notre engagement.