La courbe de la maladie n’en finit pas de défier les prédictions. En 2023, plus de 40 pays ont signalé une résurgence importante d’épidémies de choléra, alors que cette maladie était en net recul depuis le début du XXIe siècle. Plusieurs foyers persistent dans des régions habituellement peu touchées, déjouant les prévisions épidémiologiques.L’Organisation mondiale de la santé estime que moins de 10 % des personnes à risque ont accès au vaccin oral, malgré une production accrue. Face à la résistance croissante à certains traitements et à la multiplication des facteurs environnementaux aggravants, le niveau d’alerte reste élevé pour 2025.
Plan de l'article
Choléra en 2025 : où en est la menace mondiale ?
La prévalence du choléra tend à s’affranchir de toute logique. D’Afrique à l’Asie, la maladie progresse, frappe au hasard, s’accroche parfois à des territoires que l’on croyait à l’abri. Sur le continent africain, le choléra s’entête : République démocratique du Congo, Nigéria, Ghana, Zambie… L’épidémie s’élargit hors des anciennes frontières. En 2024, Mayotte et les Comores connaissent des éruptions inhabituelles, déclenchées par les nouveaux flux du Vibrio cholerae.
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Le tableau reste sombre en Haïti. Là, la crise politique et la destruction du réseau d’eau rendent toute réponse sanitaire chaotique. Entre janvier 2023 et début 2025, plus de 40 000 cas suspects identifiés selon des données sanitaires internationales. Les décès liés au choléra se multiplient, touchant plus durement les enfants et les personnes déplacées, particulièrement exposés.
En Asie du Sud, notamment au Bangladesh, la maladie regagne du terrain. La concentration urbaine, la fragilité des réseaux d’eau, l’insuffisance des infrastructures sanitaires nourrissent une recrudescence. En France et en Europe, la prudence s’installe face à l’éventualité de cas importés, surtout dans les contextes de déplacements massifs de populations.
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Des campagnes de vaccination naissent sous l’impulsion des acteurs comme Unicef, Gavi, Institut Pasteur. Pourtant, la couverture reste dérisoire là où la logistique échoue, piégée par la guerre ou l’urbanisation chaotique. À l’arrière-plan, le cholerae serogroupe O1 circule avec plus d’aisance, augmenté par les aléas climatiques et les catastrophes naturelles. Partout, les populations vulnérables s’accrochent à un fragile équilibre.
Symptômes et transmission : reconnaître et comprendre les risques
Le choléra ne laisse guère de répit. Cette maladie diarrhéique aiguë provoquée par le Vibrio cholerae se transmet la plupart du temps par l’ingestion d’eau et d’aliments contaminés. Là où l’eau potable manque, le risque s’accroît, particulièrement dans les zones denses, les quartiers précaires, les camps où l’assainissement chancelle.
Symptômes évocateurs
Dès l’apparition de certains signes, la vigilance s’impose :
- Diarrhée soudaine, très abondante et liquide
- Vomissements répétés et parfois violents
- Crampes abdominales intenses
- Déshydratation fulgurante : soif insatiable, fatigue, yeux enfoncés
La fameuse diarrhée « eau de riz » peut épuiser l’organisme en quelques heures à peine. Sans réaction rapide, la déshydratation menace la vie, d’abord celle des enfants ou des personnes âgées.
Le mécanisme de transmission repose sur un enchaînement discret et tenace : une personne contaminée excrète le germe ; celui-ci infecte l’eau, la nourriture, ou les surfaces. Lorsque les WC font défaut, le même schéma se répète à l’infini et l’épidémie s’emballe. Les espaces surpeuplés, comme les bidonvilles, se transforment en terreau fertile.
Autre piège : le portage asymptomatique. Certaines personnes infectées ne présentent jamais de symptôme mais transmettent le choléra autour d’elles, rendant la détection et la prévention extrêmement complexes. Dans les contextes où la population bouge sans cesse, la maladie sort du radar et s’installe en silence.
Quels traitements et mesures d’urgence face à une infection ?
Quand le choléra frappe, l’intervention doit être immédiate. L’action prioritaire : réhydratation, sans délai. Administrés à temps, les solutés de réhydratation orale permettent d’équilibrer rapidement les pertes en eau et en sels minéraux. Lors de cas sévères, la perfusion intraveineuse s’impose, sous supervision médicale.
La prise en charge du patient obéit à une organisation rigoureuse. Sur le terrain, des centres d’urgence sont installés, souvent grâce à l’engagement d’ONG telles que SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ou à la coordination de l’OMS. L’état de gravité, le niveau de déshydratation et les antécédents médicaux déterminent le protocole appliqué.
Les antibiotiques sont réservés aux formes aiguës ou à certaines populations fragiles. Leur rôle : réduire la durée et la contagion, sans jamais remplacer la réhydratation qui reste la pierre angulaire du traitement. Le diagnostic peut être confirmé par analyse biologique, coproculture, PCR, selon les directives du Centre national de référence ou de l’Institut Pasteur. Ces outils guident la riposte et offrent une vue d’ensemble sur l’évolution des foyers.
Sur le terrain, certains gestes pratiques permettent de limiter la transmission : garantir de l’eau propre, désinfecter systématiquement les sols, isoler et traiter les matières fécales, distribuer du matériel d’hygiène. Tout aussi crucial : former le personnel local pour enrayer la chaîne de propagation dès les premiers jours.
Prévention, vaccination et hygiène : les clés pour limiter la propagation du choléra
Face au choléra, la prévention fait la différence entre résurgence et stabilité. L’accès durable à une eau potable et à des infrastructures d’assainissement robustes constitue la base de toute résistance à la maladie. Dans les zones précaires, les camps saturés ou les quartiers sans solution d’eau fiable, la sécurisation de l’approvisionnement demeure un travail de longue haleine. Les interventions menées sur le terrain privilégient l’installation de points d’eau sûrs, la distribution de kits d’hygiène, et la formation locale à des gestes simples et efficaces.
La vaccination s’ajoute à cette palette défensive. Les vaccins oraux contre le choléra freinent la transmission, notamment lors des flambées soudaines ou au sein de populations déplacées. Leur distribution cible d’abord les poches d’urgence, particulièrement dans les zones où la défécation en plein air est difficile à éradiquer.
Informer, sensibiliser, éduquer : la transformation des habitudes sanitaires s’inscrit dans la durée. Adopter le lavage régulier des mains, faire bouillir l’eau ou gérer les déchets humains réduit drastiquement les risques de diffusion. Chaque campagne s’adapte à la réalité locale, en mobilisant tous les relais associés à la santé publique.
Plusieurs leviers concrets contribuent à limiter la propagation du choléra :
- Garantir un accès continu à l’eau propre
- Installer des systèmes d’assainissement efficaces (latrines, traitement des eaux usées)
- Recourir à la vaccination lors des flambées ou des périodes à haut risque
- Renforcer la sensibilisation et la formation des habitants
Les épisodes récents, qu’il s’agisse de l’Afrique australe, du sous-continent indien ou des îles de l’océan Indien, le rappellent : coordination, anticipation et cohérence dans les solutions changent la donne face à la menace. Les défis s’intensifient à l’approche de la saison des pluies ou lors de déplacements massifs. La prudence n’est pas une option : chaque action préventive compte, même la plus modeste.
Le choléra refuse obstinément de s’effacer. Dans chaque regain, il impose ce rappel sans détour : l’eau propre et l’hygiène collective ne se négocient jamais à la légère. Jamais la vigilance n’a été aussi nécessaire pour tenir la vague à distance et tenir bon pour les plus vulnérables.